DUST
Lorsqu’un coureur est invité à une course, que croyez-vous qu’il fasse?
Voilà comment a commencé mon aventure du Dust. Je n’avais pas prévu de faire ce trail à étapes dans le désert (3x30km ou 3x50km) car les dates étaient trop près de mon retour de la Diagonale mais l’organisation m’a invitée alors je n’ai pas pu résister (sur le 3x30km, raisonnable non?) et me voilà donc le 5 novembre 2015 à l’aéroport d’Orly où je retrouve avec grand plaisir des Sahariennes: Emilie, Elodie, Charlotte, Flo ainsi que MarieDo (en tant que médecin cette fois et chargée de me surveiller), Sonia (chef Doc)… L’ambiance est déjà au top, je sais que je vais passer 5 jours fabuleux…au moins en hors course. Je fais également la connaissance de Mohamed, inscrit lui aussi sur le MDS 2016, il est parisien, nous serons donc 4 à préparer et vivre cette course ensemble!
Mais les choses vont se compliquer dès mon arrivée à Dakhla car ma valise ne se trouve pas sur le tapis roulant des bagages! Tout, absolument tout mon matériel de course est dedans!!! Nous enregistrons la perte de mon bagage en espérant vivement qu’il arrive le lendemain. En attendant, un plan B se prépare: emprunter tout: short, tee-sirt, sous vêtements, chaussettes, lunettes, casquette, guêtres, sac et surtout runnings, pour pouvoir prendre le départ le lendemain matin. Et je retrouve la solidarité des coureurs car le temps d’arriver au camp de Dakhla, j’ai tout!
Après une nuit bien courte, on se prépare tous pour la 1ère étape de ce Dust: je vais donc à la pêche de tout le matos. Elodie Bernasco, blessée et ne prenant donc pas le départ, va entièrement m’habiller (avec du super matos en plus) et c’est Marie Do qui va me chausser…je m’en sors plutôt bien!
On assiste au départ du 50km en encourageant tous les coureurs que l’on connaît (c’est à dire beaucoup) bien sûr puis enfin, l’heure du départ du 30km se profile. On décide de faire la course ensemble avec Emilie, je vais vois les ressources de mes jambes depuis la Diagonale puisque seuls 10 jours séparent ces 2 épreuves. Un peloton part très vite, on se positionne un peu en arrière de celui-ci, mes sensations sont assez bonnes, je suis même bluffée! On parcourt ainsi environ 5km puis Emilie ralentit, je continue seule…et je vais rester seule jusqu’au bout!
Les choses vont par contre sérieusement se gâter pour moi au bout de 10km, des crampes sous mes pieds apparaissent. Même si MarieDo a les mêmes runnings que moi, ce ne sont pas les miennes, je n’ai pas mes semelles dedans et rien ne va plus au niveau de mes pieds! Je n’arrive plus à apprécier les paysages, je suis seule et dois rester très vigilante sur le balisage peu visible, bref, je vis un enfer entre le 15ème et 20ème km. Je repense à la Diagonale en me disant que j’ai été au bout de cette course exceptionnelle alors que ce n’est pas 30 petits kms dans le désert qui vont m’arrêter mais rien n’y fait, je souffre et pense sincèrement abandonner au ravitaillement du 20ème…c’est sans compter sur un certain photographe marocain, ayant plusieurs MDS à son actif qui en décide carrément autrement à ce ravito: il m’enlève mes runnings, me masse les pieds, défait complètement mes lacets et me dit de courir comme ça. Je lui dis que je vais perdre mes chaussures mais il m’explique que mes pieds doivent se faire leur propre place dans ces runnings qui ne sont les siennes. Il termine en me disant texto ” il te reste 10km, c’est ce que tu fais facilement dans les bois chez toi alors tu repars et tu termines!” Et ben, ça a marché! Je suis repartie avec des douleurs nettement moindres dans les pieds et j’ai avancé en mode automate, comme sur beaucoup de course longue quand on est dans le rouge, jusqu’à l’arche d’arrivée que j’ai franchie franchement épuisée…mais tout de même en 4ème position féminine.
Je n’ai plus qu’à attendre les copines, allongée au soleil à ce bivouac toujours aussi magnifique (c’est le même que celui de la Saharienne). Emilie arrive avec Charlotte, je suis contente qu’elles aient pu faire la course ensemble. Commence alors ma 2ème vie de SDF, je dois emprunter affaires de toilette, changes… Heureusement que toutes les copines de la tente sont là!!!
Après une nuit de repos bien méritée, réveil douloureux, les jambes sont très raides, la 2ème étape s’annonce difficile. Elodie me prête un nouveau tee shirt, Emilie des chaussettes; pour le reste, ce sera les mêmes que la veille.
Thierry, le directeur de course (le même qu’à la Saharienne, tout comme tout le staff s’ailleurs) nous annonce que cette étape est la plus belle des 3, on va en prendre au moins plein les mirettes, c’est bon pour le moral! Et il n’a pas menti, c’était tout simplement grandiose!!!! Et comme en plus, j’ai trouvé un petit rythme supportable pour mes jambes et que mes pieds (en courant toujours lacets défaits) ne m’ont quasiment pas fait souffrir, j’ai couru cette étape en retrouvant un certain plaisir. Deux seuls petits bémols et pas des moindres: le balisage toujours aussi peu visible au milieu de ce sable et la solitude; j’ai fait les 30km seule au milieu de ce désert, aucun coureur à perte de vue et ce fut parfois flippant. J’ai eu le temps de penser, rêver, admirer mais je n’ai pas pu parler (quoique…) et ça, c’est terrible pour moi!
Mais la super ambiance le soir dans ce cadre féérique fait vite oublier les douleurs et les petits chagrins!
Dernier jour, dernière étape et bien entendu toujours pas de valise pour moi; je n’y crois plus de toute façon alors je recommence comme la veille: j’emprunte tee shirt et chaussettes et je repars! Je me suis également habituée à la solitude sur ce Dust puisque aucun coureur n’est au même rythme que moi alors j’affronte cette dernière étape en me disant que j’irai au bout et puis c’est tout…et c’est exactement ce qui va se passer! Mes écouteurs dans les oreilles, je retrouve mon petit rythme de la veille et avance au gré des aléas du terrain, beaucoup plus mou que la veille donc beaucoup plus éprouvant mais j’essaie de me concentrer sur les paysages toujours aussi somptueux ainsi que sur ce balisage toujours aussi difficile afin de ne pas penser à mes jambes. On se sent tellement petit dans cette immensité de sable…sentiment de solitude et de plénitude, surprenant…
Je vais ainsi courir ces 32 derniers km et franchir la dernière arche de ce Dust, ravie d’avoir été au bout malgré la fatigue et l’absence de valise et fière de terminer 4ème féminine!
Cette course fut une nouvelle expérience fabuleuse, j’y ai rencontré de nouveaux coureurs et coureuses dans une ambiance tellement sereine. Nous avons tous été marqués par ce Dust, ce désert. De nouvelles amitiés sont nées et je sais qu’elles perdureront, faisant naître de nouveaux projets, de nouveaux défis, de nouvelles aventures.
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